Lilian Thuram, champion du monde ... mais pas seulement

24/10/2018

Les élèves des classes de Terminale et de Première avons eu la chance de rencontrer le joueur de football français Lilian Thuram. Il est notamment reconnu pour avoir fait partie de l'équipe qui a gagné la Coupe du monde en 1998. Aujourd'hui, 8 années après sa retraite du FC Barcelone et de l'équipe de France, il s'investit dans sa propre fondation Lilian Thuram-Éducation contre le racisme.

Sa visite à Lima est justement à ce sujet. Il a participé à une grande conférence au LUM (Lugar de la Memoria, la tolerancia y la inclusión social), à laquelle ont participé notamment la chanteuse et ancienne Ministre de la Culture du Pérou Susana Baca, l'ambassadeur de la France au Pérou Antoine Grassin, et le footballeur péruvien Edison Flores.

Mais en plus, Lilian Thuram a eu la gentillesse de nous offrir une conférence le jeudi 27 octobre, où il a démontré non seulement ses connaissances sur le sujet de la discrimination, mais aussi ses qualités comme un orateur très particulier. La première chose qu'il a fait est d'asseoir les personnes timides, face au public, puisque lui même il était timide de petit, et trouve que de cette façon les élèves se sentiraient plus en contrôle.

Ensuite, la conférence s'est déroulée sous forme de Questions-Réponses. Comme une discussion entre égaux. Les premières questions ont été plutôt sur son parcours personnel. Pourquoi aimez-vous parler aux enfants? En effet, il aime faire des conférences partout dans le monde avec des enfants puisqu'il veut qu'on réfléchisse à la société de demain. Et pour réfléchir à la société de demain, nous, les citoyens du futur, nous devons réfléchir à la société d'aujourd'hui. Puis, il a raconté qu'il aime bien le football puisqu'il permet (comme tout autre sport collectif) d'agir comme un groupe, comme une conscience qui fait partie d'un tout, où chacun a la possibilité de se tromper. Et c'est ainsi que l'on comprend qu'il ne faut pas avoir peur de se tromper, puisque cela nous permet de progresser.

Après, les questions se sont tournées vers le sujet de la discrimination (blanc-noir et homme-femme). "Pourquoi s'est-il lancé dans la lutte contre le racisme?". Lorsqu'il était petit tout juste arrivé à Paris de la Guadeloupe où il est né, Lilian Thuram a vu, dans un dessin animé , que la vache noire était représentée comme la vache stupide, tandis que la vache blanche était l'intelligente. Ses camarades ont commencé à l'appeler comme cette vache noire. Le joueur a donc demandé à sa mère pourquoi, et sa mère lui a répondu que "les blancs sont comme ça". Lilian Thuram fait donc des conférences puisqu'il trouve que les blancs ne devraient pas être comme ça. Qu'on ne naît pas raciste, qu'on le devient, et qu'il souhaite changer la mentalité des personnes avec ses conférences, afin de créer une société plus égalitaire.

Le racisme, d'après lui, est une façon de penser les choses à une époque. Mais cette façon a été tellement intériorisée qu'on la confond avec la norme. Il a dit quelque chose de très important. "Le raciste ne craint pas les autres, mais il crée des autres". Ce n'est pas l'autre qu'on craint, les caractéristiques de l'autre qui nous font peur, mais c'est l'image, la fausse idée que nous nous faisons de l'autre qui nous fait peur. Il y a donc en plus une question de légitimité. C'est ma couleur de peau, ma vision des choses qui ne fait pas peur, qui est la légitime. Ce n'est pas la tienne. Cette pensée est inscrite dans notre cerveau dès qu'on est petit. Par exemple, les filles reçoivent des poupées de peau blanche, ce qui devient le stéréotype de beauté. Ceci est transmis de génération en génération. On est donc conditionné à penser de cette façon.

Mais tout n'est pas perdu. On peut faire évoluer les stéréotypes et se libérer de ces préjugés. Lilian Thuram a annoncé une solution qui est envisagée par les États aujourd'hui: les quotas. Les entreprises, les institutions politiques, etc, seraient obligées de présenter autant d'hommes que des femmes, autant d'immigrés que de blancs .... Un débat entre Thuram et des élèves s'est formé dans la salle. Un argument contre les quotas serait la question de la légitimité de l'obtention du poste par les femmes, qui l'obtiendraient uniquement par le fait qu'elles sont des femmes, et non pas par mérite. Mais cet argument est rapidement démenti par Thuram, qui a expliqué que les quotas ne s'agissent pas de donner le travail à n'importe quel femme, mais le donner à une femme qui a les mêmes capacités qui aurait un homme dans sa position. Et que la présence de femmes à des postes élevés et en politique devienne "normale" et habituelle.

Ce qu'il faut en tout cas retenir de cette extraordinaire conférence est que tous nous sommes conscients de l'existence du racisme, et d'autres types de discrimination, mais nous ne faisons presque rien pour le changer. Il faut donc s'intéresser activement à ces questions, pour former une meilleure société, une société de laquelle nous serions serait fiers et dans laquelle un homme n'aurait pas de problème à être traité comme une femme, ou un blanc d'être traité comme un noir.

Mariano Fernández, Terminale ES 2018

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